RÉDACTION : STEPHEN YU
TRADUCTION : ELISABETH SADOUNI
Demandez à quiconque qui est le roi de la customisation de baskets, et les réponses seront unanimes : Dominic Ciambrone, alias The Shoe Surgeon (« le chirurgien de la basket »). Ce cordonnier devenu créateur de chaussures, basé à Los Angeles, est le génie à qui on doit certaines des baskets sur mesure les plus convoitées au monde. Les Lebron de Nike ornées d'or et de diamants. Les Fragment Designs x Air Jordan 1 à paillettes. Les Travis Scott de luxe. Toutes ces paires sont nées sous ses doigts de fée. Vous en rêviez ? L'auto-proclamé Shoe Surgeon l'a fait.
Si nombreux sont ceux qui se reposent sur leurs lauriers, c’est loin d’être le cas de Dominic. Non content de posséder un business florissant de customisation de chaussures, cet autodidacte est heureux d'essaimer ses secrets, fruit du travail de toute une vie, au cours des ateliers de la Shoe Surgeon Shoe School qu'il organise régulièrement à travers les États-Unis. Par les temps qui courent, la customisation de baskets semble être un passe-temps tout trouvé qui vous tiendra occupé(e) des heures durant et dont tous les outils sont faciles à commander en ligne. Pour vous aider à vous lancer, FARFETCH s'est allié à l'équipe du Shoe Surgeon pour vous proposer une série vidéo en cinq parties.
La Air Force 1 est, certes, l'un des modèles les plus iconiques de Nike, mais c'est également la chaussure qui a marqué le début de l’aventure de Dominic Ciambrone, le propulsant du statut de créateur de chaussures amateur à la légende que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de The Shoe Surgeon.
« Les premières chaussures que j’ai customisées étaient une paire de Air Force 1 Mid blanches. J'étais au lycée et je les ai habillées d’un imprimé camouflage en utilisant de la peinture pour modélisme au pistolet aérographe. Après ça, je suis parti à la recherche d’une peinture de meilleure qualité et plus résistante, adaptée au cuir et aux tissus. Les Air Jordan 4 ont été les premières où je me suis essayé à la couture, en les recouvrant d'un tissu façon serpent. Les premières chaussures que j’ai désassemblées puis reconstruites étaient encore une fois des Air Force 1 Mid blanches. » - Dominic Ciambrone, The Shoe Surgeon
Comme Dominic l’a découvert, lorsqu'on s’essaie pour la première fois à la customisation de chaussures, apprendre soi-même à créer sa propre paire peut être très gratifiant, et ce pour de nombreuses raisons. L’idée d’avoir un modèle que personne d’autre au monde ne possède est en parfaite adéquation avec la culture sneaker ; c'est un club très exclusif auquel peu de baskets peuvent accorder le droit d’entrée. Comparé à des queues à n'en plus finir devant les boutiques, des tirages au sort infructueux et des tarifs exorbitants, quelques heures de dévouement, une main assurée et un peu de créativité semblent un bien petit prix à payer. En prime, grâce à la personnalisation maison, les accros de sneakers n'ont plus besoin de suivre le calendrier des drops annuels ou de se plier aux règles de Nike By You (sans compter les déceptions liées à des collab' médiocres) : vous avez toutes les cartes en main pour créer le modèle que vous voulez, quand vous le voulez. Le coloris Banned est discontinué ? Peignez-le vous-même. Vous rêvez d'une paire Louis Vuitton x Converse ? Fabriquez les vôtres. Pour Dominic, cependant, la customisation de chaussures représentait bien davantage.
« Pour moi, personnaliser mes chaussures était un moyen d’expression. J’étais timide et réservé, et les chaussures étaient la voix qui m'a permis d'entamer une conversation... Les baskets sont ma toile. Il s'agit d'un objet tangible, en trois dimensions, dont la conception s'apparente à la construction d'une maison. De mon côté, j'ai commancé par décortiquer le produit fini pour en comprendre les fondations. Nouveau et singulier, unique en son genre : voilà ce qui m’a toujours démarqué. J’ai commencé à personnaliser mes baskets au lycée afin de me différencier et d’exprimer ma créativité. »
Plutôt qu’un simple étalage de surenchère, Dominic voit la customisation de chaussures comme un vaisseau dans lequel chacun peut investir sa créativité, un exercice que The Shoe Surgeon personnifie lui-même. Au lieu de se contenter de recréer les palettes de couleurs préexistantes des Air Jordan, ou d’imaginer les collab' de ses rêves, réaliser ses propres chaussures permet d'approcher la culture sneakers sous une lumière complétement différente, beaucoup plus créative. Pour vous lancer dans l'aventure de la customisation, les ressources en ligne ne sont pas choses rares. Ce qui était loin d’être le cas quand Dominic a débuté. Armé d'un peu de peinture et d’un pistolet aérographe, et dépourvu de tutoriels en ligne, il n'a pu compter que sur lui-même. C'est à l'ancienne que Dominic a appris toutes ses astuces, à savoir en observant les maîtres en la matière : les cordonniers.
« Je ne connaissais personne pour m’enseigner le procédé complet de réalisation de baskets à la main. J'ai donc travaillé aux côtés de Michael Anthony, qui fabrique des santiags sur mesure haut de gamme. Sa passion pour son métier m’a inspiré et donné envie de m’atteler à la même tâche, mais avec les baskets. Daryl Fazio m’a appris l’art de la réparation de chaussures, en retapant des Louboutin et des sacs à main, et en ressemellant des bottes Wesco. J’ai également été formé à la fabrication de chaussures traditionnelle sous l'égide de Bill Shanor (de la Bonney and Wills Shoemaking School). »
Avant la naissance des modèles en maille, la construction de base d’une basket est restée inchangée durant des décennies (et des siècles, en ce qui concerne les chaussures traditionnelles). Cela signifie que les techniques et traditions transmises d’une génération de cordonnier à l’autre pouvaient être utilisées sur la grande majorité des baskets de l'époque ; c'est exactement ce que Dominic a fait. Mais si les techniques artisanales et l’anatomie générale de la chaussure sont restées les mêmes durant des siècles, The Shoe Surgeon, lui, n’est pas du genre à penser que cet art doit rester figé dans le passé.
« Nous testons et développons constamment de nouveaux matériaux à incorporer dans nos projets. J’aime repousser les limites et intégrer des techniques qui n’on jamais été utilisées auparavant. Récemment, nous avons développé un cuir synthétique à partir de feuille d’arbre au Brésil. Le futur sera technologique, et il repose sur des moyens de création à la fois efficaces et durables. LA FONCTION AVANT LA FORME. »
Alors que l’industrie de la mode se trouve sous haute surveillance à cause de son impact sur la planète, la personnalisation de chaussures peut-elle être un moyen de briser ce cycle de destruction environnementale ? Quoi qu’il en soit, il est clair qu’avec son école Shoe Surgeon Shoe School, le souhait de Dominic n’est pas seulement d’inspirer la prochaine génération de Tinker Hatfield ou de Steven Smith, mais simplement de mettre à disposition à tout un chacun les outils pour laisser libre cours à sa créativité et modeler son identité. Comme ce fut son cas. Voilà qui vaut bien plus que n’importe quelle paire de baskets.
« Mon souhait le plus cher est d'inspirer les gens à créer et à se sentir mieux dans leur peau ; à être le meilleur de soi-même. Fabriquer des chaussures m'y a aidé. Que l'on soit passionné de customisation de baskets ou d'une autre discipline pratique, le fait de prendre un objet que l'on aime et de se servir de ses mains pour le faire sien apporte une grande satisfaction. »
Les conseils de Dominic Ciambrone aux customiseurs en herbe
En attendant le retour de ces ateliers près de chez vous, voici quelques mots emplis de sagesse du Shoe Surgeon lui-même, ainsi que quelques conseils pour tirer le meilleur parti de vos premiers pas en tant que customiseur amateur.
Trouver l'inspiration :
« Je m'inspire de mes expériences ; des choses que je vois, touche, entends, goûte et sens qui font travailler mes sens. »
Les outils & techniques indispensables :
« Chaque technique est différente, selon le type de customisation que vous souhaitez effectuer. La forme et la semelle sont deux outils essentiels du processus de fabrication de chaussures. La forme définit quelle silhouette aura la chaussure, et la semelle en constitue la fondation. »
Les meilleurs modèles à customiser quand on débute :
« Les Air Force 1 et les Stan Smith sont idéales pour débuter parce qu'elles comportent moins d'empiècements et de composants que des modèles plus complexes. Les Air Jordan 1 sont également parfaites parce qu'elles offrent de nombreuses zones où affûter sa technique. »
La technique la plus simple quand on débute :
« La fabrication de chaussures et le processus de déconstruction/reconstruction comprennent de nombreux aspects, et tous sont importants. Le "plus facile” est de s'y mettre. Ne réfléchissez pas trop. Amusez-vous ! »
Les matériaux les plus simples à travailler quand on débute :
« Les cuirs lisses sont moins difficiles à travailler que les matériaux plus complexes ou délicats. »
L'erreur la plus courante pendant ses ateliers :
« Lorsqu'on débute, il peut être difficile de comprendre l'importance de la pratique, ou d'imaginer le nombre d’étapes nécessaires pour fabriquer une chaussure. Être patient et se fier au processus est primordial. Plus vous créez, plus ça devient facile. Focalisez-vous sur le processus et attelez-vous à un seul modèle à la fois. »
La technique de customisation la plus simple pour une paire qu'on possède déjà :
« Peindre est une bonne façon de commencer. Expérimentez différentes teintures, des colles, etc. »
Les choses à faire et à ne pas faire :
« Ne vous forcez pas à essayer de nouvelles techniques.
N'essayez pas de rendre chaque détail parfait.
Laissez parler votre créativité et amusez-vous. »
Les conseils à celles et ceux qui souhaitent personnaliser des chaussures classiques plutôt que des baskets :
« Trouvez une forme adéquate ! »
Si ces conseils vous aideront à marcher dans la bonne direction, ne manquez pas notre série vidéo en cinq parties avec The Shoe Surgeon. Chaque épisode se penche sur une technique de customisation de chaussures spécifique, expliquée par l’équipe Surgeon Studios.
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