RÉDACTION : NERYS D'ESCLERCS
TRADUCTION : ELISABETH SADOUNI
De pièces brodées à la main à des silhouettes innovantes en passant par des imprimés reflétant différentes cultures, la mode africaine offre une diversité peu commune ; avec des créations qui varient de façon significative d'une ville à l'autre. À Lagos, au Nigéria, une communauté de designers émergents ont retenu l’attention d'Amira Rasool, fondatrice de The Folklore, un concept store new-yorkais spécialisé dans la mode africaine et la diaspora noire. Elle se confie ici à FARFETCH quant aux marques nigérianes à suivre de près.
À propos de The Folklore
Installée au cœur de New York, la boutique The Folklore réunit le nec plus ultra des marques de mode, de beauté et de lifestyle pour femme et pour homme. « J’ai créé The Folklore en septembre 2018 pour offrir aux créateurs un espace où raconter leurs propres histoires », explique Amira Rasool, fondatrice du concept store. « Notre but est de proposer une mode africaine contemporaine diversifiée. Nous souhaitons changer la vision que les gens ont sur l’industrie du design en Afrique. Celle-ci n’est pas monolithique ; au contraire, elle est d'une diversifiée extrême. Les pièces d'un designer de Cape Town diffèrent drastiquement de ce que pourra proposer un créateur de Johannesbourg, à seulement deux heures de vol. »
La mode africaine offre non seulement des créations pour chaque type de garde-robe, mais de nombreux designers proposent également des pièces faites main totalement uniques. « Il ne s'agit pas de production de masse. », souligne Amira Rasool. Quand vous vous offrez l'un des pièces de ces marques, vous faites probablement partie des trois seules personnes au monde à en posséder un exemplaire. C’est un objet spécial qui s’ajoute à votre garde-robe ; la plupart de ces articles sont confectionnés à la main. » Ce caractère unique est d’autant plus évident que, généralement, une bonne partie du grand public ne connait pas encore ces marques. « Pendant très longtemps, des villes comme Cape Town et Lagos ont été ignorées par l'industrie de la mode », remarque-t-elle. « [Les créations] que les gens voient aujourd’hui comme nouvelles existent depuis plus d’une décennie et leur fraîcheur offrent un avantage à celles et ceux qui les portent : celui d'introduire quelque chose de vraiment différent et unique dand leur environnement, quel qu'il soit. »
Les créateurs nigérians incontournables
CLAN : le pouvoir des imprimés et des couleurs
Les sœurs Teni, Aba, et Tiwa Sagoe, originaires de Lagos, ont créé CLAN pour apporter force et assurance aux femmes à travers des silhouettes modernes et des motifs audacieux et uniques qui sont un véritable hymne à l’individualité. Et c’est justement cette individualité qui a attiré l’attention d’Amira Rasool sur Instagram, et ce, avant même qu’elle ne lance The Folklore. « Je suivais de près chacune de leurs collections, et ce qui m'a vraiment séduite chez CLAN, c'est leur approche créative qui est très féminine, sans poupour autant être trop douce », se souvient-elle. Le trio créatif réussit ce coup de maître grâce mêlant robes longues colorées, empiècements transparents et imprimés à des coupes droites et des épaules imposantes. « [Il en émane] une espèce d'aura masculine, particulièrement les tenues avec blazers », selon Amira Rasool. « En général, chaque collection propose une superbe robe-blazer », ajoute-t-elle. « Dans la collection actuelle, les créatrices ont vraiment mis l’accent sur les petits détails, se sont assurées qu’ils soient bien mis en valeur, et réalisés avec un grand savoir-faire ; j'ai rarement vu une qualité aussi exceptionnelle. » Son coup de cœur ? « La façon dont elle utilisent les imprimés et les textures, et la manière dont elles les ont associés de façon inattendue tout en conservant la grâce des pièces. »
Andrea Iyamah : resortwear et au-delà
Depuis 2013, la créatrice nigériane Dumebi Iyamah a mis son héritage africain au profit d’un nouveau style de resortwear, sous le nom d’Andrea Iyamah. Inspirée par une palette vive et par le brassage des cultures, la marque propose des pièces de bain, du prêt-à-porter et des robes de mariée sur mesure excentriques. « Andrea Iyamah a commencé comme un label de maillots de bain à succès », se souvient Amira Rasool, qui qualifie l’adaptabilité de la créatrice de « vraiment impressionnante ». « Tout est parfaitement synchronisé chez Andrea Iyamah, des maillots de bain aux robes de soirée en passant par les combinaisons ». Parmi la sélection de pièces que stocke The Folklore, Amira Rasool retient notamment « des silhouettes amples et des robes longues que vous pouvez porter à la plage puis pour dîner à l’hôtel ». « Je suis heureuse que cette collection arrive chez FARFETCH », ajoute-t-elle. « Elle est vraiment destinée aux personnes qui organisent de véritables périples, et emportent avec elles des robes de soirée sous lesquelles passer facilement un maillot de bain. C’est ce dont les gens ont besoin en vacances. »
FRUCHÉ : une polyvalence parfaite pour le quotidien
La marque FRUCHÉ explore la richesse des récits anciens et modernes des femmes et des hommes du Nigéria, et remet en question l’apparence et les tenues que l’on attend d’eux. « De tous les créateurs que nous stockons, FRUCHÉ est celui qui rencontre le succès le plus grandissant », explique Amira Rasool. « J’ai découvert Frank [Aghuno], le designer, sur les réseaux sociaux », continue-t-elle. « Frank est vraiment au fait de ce que les femmes veulent porter, et de la façon dont on souhaite se sentir dans nos vêtements. Il parvient à connecter ses créations à nos vies quotidiennes. » C’est ce qui permet à ses pièces de parler à tout un chacun ; non seulement les férues de mode, mais aussi « les femmes au peu moins audacieuses ». Amira Rasool aime particulièrement « la robe-chemise Osagie », rapidement en rupture de stock chez The Folklore, et qui nous revient déclinée dans plusieurs coloris pour la nouvelle saison. » Même si elle est confectionnée avec de nombreux pans [de tissu] croisés, ces derniers n’entravent pas les mouvements, et vous laissent libre de bouger », explique-t-elle. « Il garde toujours les besoins des femmes à l’esprit, selon moi. Ç’a été formidable de le voir évoluer au fil des années, et rester aussi proche des femmes pour qui il crée. »
Lisa Folawiyo : luxe, Afrique et volupté
Lisa Folawiyo a lancé sa marque éponyme à Lagos en 2005, et mêle les tissus traditionnels d'Afrique de l’ouest aux coupes contemporaines, le tout orné de finitions en perles. « J’ai découvert Lisa Folawiyo quand j’ai commencé à explorer l’industrie de la mode africaine, en débutant mes recherches en 2016 », raconte Amira Rasool, qui est tombée sous le charme des créations sophistiquées de Lisa Folawiyo, ainsi que de son style personnel. « Elle mélange ses pièces avec celles d’autres designers talentueux, et c’est exactement la philosophie de The Folklore : placer notre luxe au même niveau que les autres, hors d'Afrique. Il s’agit de mélanger et d’associer, de trouver les pièces qui peuvent compléter d’autres jolies créations et de s'habiller des richesses du globe, tout en restant uniques. » L’important pour notre marque est que les femmes « se sentent belles et se sentent bien », insiste Amira Rasool. « Lisa aime profondément la mode. Il s'agît d'une marque de luxe très forte qui a un regard contemporain sur les imprimés et les couleurs. »
Orange Culture : androgynie moderne
Adebayo Oke-Lawal, le créateur d’Orange Culture, décrit sa marque comme un mouvement qui mélange les imprimés et les couleurs nigérians à un esprit streetwear contemporain. Toutes les pièces sont réalisées à la main à Lagos avec des tissus issus de sources éthiques au Nigéria. La marque Orange Culture a été sélectionnée pour le prix LVMH des Jeunes créateurs de mode en 2014, et nominée au prix International Woolmark en 2018. Ce sont ces récompenses qui ont permis à Amira Rasool de connaître Orange Culture « avant même de songer à fonder The Folklore ». « Ce que j’aimais vraiment chez Adebayo, c’est que chacune de ses collections raconte une histoire ; il y a un sens profond derrière chacune d'elles », explique-t-elle. La première collection présentée par The Folklore sur FARFETCH est baptisée Flower Boy. « Ce qui est fantastique, c'est son approche plutôt androgyne », commente-t-elle. « Il a crée des pièces qui sont réellement unisexes ; j'ai vu des femmes comme sur des hommes porter les mêmes vêtements, et le résultat était super-flatteur sur les deux genres. » Selon Amira Rasool, certains des points forts de cette collection sont l’utilisation de différentes textures et broderies appliquées sur des pièces en soie. « J’admire sincèrement son talent. Ses créations sont littéralement des œuvres d'art à porter. »
Tokyo James : silhouettes sans concession
En 2015, après avoir quitté Londres pour revenir sur sa terre natale et s'installer à Lagos, Iniye okyo James a lancé sa marque éponyme pour homme. Il crée des pièces pour l'homme d'aujourd'hui, qui apprécie la simplicité avec un twist contemporain. « Tokyo James est adepte de beaux costumes et de pantalons en cuir épais. Et ne jure que par les vestes en cuir », raconte Amira Rasool. « Ce qui me plaît, c’est qu’il est capable d’utiliser des couleurs qui ne sont pas traditionnellement associées à la masculinité, mais conçoit des silhouettes qui, à elles seules, dégagent une aura virile. » L’équilibre entre les couleurs vives et les lignes épurées confèrent à ces pièces leur aspect théâtral : beaucoup de musiciens aiment porter ses créations. Elles se prêtent à la rue, à une sortie en soirée, à un événement VIP ou bien même à la scène. Les vêtements de Tokyo James sont parfaits pour les hommes qui souhaitent éblouir dans la rue », continue-t-elle. « Quand je pense à sa dernière collection, elle me fait penser au film Bad Boys et aux années 90, mais avec une esthétique élégante et pointue ; autant d'éléments que l'on retrouve dans ses pantalons en cuir noir froncé ainsi que ses vestes de motard. »